Le dernier livre  de Brigitte Grésy La vie en rose – Pour en découdre avec les stéréotypes, Albin Michel, 2014 explore méthodiquement et avec talent l’océan de stéréotypes dans lequel nous avançons et parfois nous perdons.

C’est en effet à travers la vie quotidienne d’une femme, Rose, et une série d’anecdotes vécues que nombre de femmes reconnaîtront sans mal, Brigitte analyse avec beaucoup d’humour l’inextricable toile d’araignée des stéréotypes véhiculés par les hommes comme par les femmes. Et notre héroïne, Rose, s’y perd en conjectures et moult hésitations.

Florilèges qui illustrent bien le ton résolument ironique de l’auteure : «Un homme qui se met en ménage fait du jour au lendemain 25 minutes de ménage en moins par jour ». Et en découle vite un « surmenage » de la femme qui est in fine un tout bête « surménage ». Ainsi conclut-elle, « la moitié de l’humanité fait le ménage, se fait transformer en immense balai et l’accepte sans broncher ».

Les femmes sont, nous assure Brigitte, « de véritables couteaux suisses », « les femmes providences de la société entière mais sans la reconnaissance ni sociale ni financière ». Car en fait c’est simple, « aucun changement significatif de la gestion du temps masculin n’a accompagné cette véritable révolution que constitue l’entrée en masse des femmes dans le monde du travail au 20ème siècle. »

Filant avec jubilation les métaphores, Brigitte Grésy n’envie pas pour autant les hommes car « le mâle, ça fait mal et ça se fait du mal. Etre un battant sans faille à toute heure du jour et de la nuit n’est pas sans conséquences. »

Mais attention si les stéréotypes avancent en rangs serrés, les contre-stéréotypes s’avèrent aussi nuisibles. Le remède s’interroge l’héroïne et la lectrice ? Car Rose ne sait vite plus trier le bon grain de l’ivraie et se demande à quel stéréotype elles peuvent se vouer.  « Le zèle porté à décrire par le menu l’infinie variété des stéréotypes renvoie à la plus grande confusion, admet Brigitte. Vaste mascarade, immense carnaval des stéréotypes ». Seule solution : « Cessons de penser en termes de genre ce qui est de l’ordre individuel ; les qualités sexo-spécifiques n’existent pas »

Alors une grave question se pose : le féminin existe-t-il ? Et entrent alors en scène les programmes guerriers magiques :

–          LOLITA : L’Opération de LIbération des Talents

–          LIVIA : la LIbération  des Vies Atrophiées

–    et LIVIO : LIbération des Vies Intérieures Oubliées  car « la paternité c’est aussi bon pour la santé »

En résumé, un livre à déguster sans modération et à partager sans distinction de sexe car le chemin est encore très long pour parvenir à un nouveau contrat social harmonieux entre les hommes et les femmes. Merci Brigitte pour cette belle démonstration qui valide, s’il en était besoin, les travaux menés depuis 13 ans par le Cercle InterElles !

Dominique Maire – Juin 2014