En avant toutes : les femmes, le travail et le pouvoir – Sheryl Sandberg
Dans ce livre Sheryl Sanberg, n° 2 de Facebook, part du constat que bien que les choses aient progressé, on est loin du compte. Pour continuer à avancer il faut que chacun(e) en prenne conscience et fasse sa part sans attendre que cela vienne de l’extérieur.
Synthèse d’Anne Bessou
L’ambition et la peur
Les femmes sont souvent apparemment moins ambitieuses que les hommes, mais c’est en partie dû à la pression des stéréotypes. Ce n’est pas toujours perçu comme une qualité chez une femme, l’éducation des filles ne la développe pas suffisamment. Quand une fille veut prendre les choses en main, on appelle cela de l’autoritarisme. De plus l’image est véhiculée que la vie professionnelle des femmes se fait au détriment de la vie privée. Du coup elles craignent, se brident et n’osent pas. La première étape consiste à se demander ce que nous ferions si nous n’avions pas peur.
Prendre place à table
Une sorte de sentiment d’imposture ou d’infériorité pousse des femmes à se sous-estimer et à se mettre volontairement en retrait. De nombreuses anecdotes, études, sont citées, qui mettent en évidence le fait que ce n’est quasiment pas le cas pour les hommes. Il faut être conscient de ce décalage, et il appartient aux femmes d’occuper la place qui leur revient, et à tous (aux hommes aussi) de veiller à les aider à le faire.
La réussite et le capital sympathie
Ici le constat est amer… les études prouvent que le pouvoir et la réussite d’une femme dégradent son image, alors que pour un homme c’est toute le contraire. Ceci peut aussi expliquer pourquoi les femmes se dévalorisent elle-mêmes avant que d’autres s’en chargent, ne négocient pas, ne réclament pas… Le stéréotype fortement ancré qui est à l’oeuvre, est qu’on attend avant tout d’une femme qu’elle veille sur autrui, et que ce soit sa principale qualité, alors qu’on s’attend à ce que les hommes dirigent. Pas de recette miracle, un seul petit conseil : négocier au nom du bien commun et de l’efficacité du groupe et de la cause de toutes. Et quand les femmes occuperont suffisamment le pouvoir, les mentalités changeront.
Une cage à grimper et non pas une échelle
Une carrière n’est pas linéaire, il faut savoir saisir les opportunités, relever les défis et accepter les missions qui se présentent si elles vont vers le sens qu’on souhaite. Il faut donc une liste courte de priorités claires pour se déterminer, sans attendre le poste idéal.
Les mentors
Un mentor n’est pas un prince charmant. Il ne faut pas l’attendre, ni passer son temps à le chercher. C’est parce qu’on le mérite qu’on obtient le soutien de ceux qui sont haut placés. Les mentors choisissent leurs protégés en fonction des réalisations et de ce qu’ils décèlent de potentiel chez ceux qu’ils croisent. Ce n’est pas non plus un psy. Il a en général peu de temps. Il peut aussi y avoir des mentors non déclarés (sponsors), qui sont des appuis bienveillants. La relation peut aussi s’établir en sollicitant un conseil de la part d’un supérieur, ce qui n’est pas du tout un aveu de faiblesse.
Etre vraie
Il est important de dire ce qu’on pense. Etre courtoise et sincère en même temps. Focaliser sur les faits, mon ressenti, mes opinions, écouter, reformuler le point de vue de l’autre. Exprimer des choses simples sans noyer le message dans un tas de circonvolutions. Solliciter l’avis d’autrui, et accepter les critiques pour s’améliorer. Evoquer ses points faibles. Remercier ceux qui se montrent francs. Manier l’humour. Partager des émotions. Ne pas nier les impacts de la vie privée sur la vie professionnelle.
Ne pas s’en aller avant de partir pour de bon
Il ne faut pas freiner sa carrière en anticipant les maternités, ni commencer à faire des sacrifices sur la vie professionnelle avant que la situation n’arrive vraiment. Anticiper, c’est mettre des freins là où il n’y en a pas. Ensuite, on peut choisir de faire une pause… ou pas. Dès que l’enfant arrive, on s’attend à ce que seule la mère doive concilier travail et enfants. Il se peut aussi que ce soit le père qui lève le pied. Les femmes qui s’arrêtent le plus de travailler sont en fait celles des milieux les moins favorisés, ou les plus favorisés. Les premières parce que le coût des gardes est trop élevé, et les autres parce que les pères passent trop de temps au travail. Enfin les hommes qui font une pause doivent faire face à quantité de préjugés et hésitent eux-mêmes à le faire parce qu’ils se conforment à ce qu’on attend d’eux.
Faire de son partenaire un partenaire à part entière
Si on ne fait pas attention, les rôles traditionnels s’installent et la femme se retrouve à faire beaucoup plus que son conjoint. La situation empire avec l’arrivée des enfants. Les politiques mises en place sous-entendent que ce sont les femmes qui doivent s’occuper des enfants. Certains pères considèrent que s’occuper de leurs enfants est un loisir !! Les hommes doivent prendre plus de pouvoir à la maison et les femmes doivent laisser faire (sans superviser). Le fait qu’un homme s’implique plus que sa femme n’est pas nécessairement facile pour lui à cause de l’image que lui renvoie la société. L’absence de soutien du conjoint est souvent mis en avant par les femmes qui renoncent à leur carrière. Il est important d’avoir un conjoint qui soit un égal.
Le mythe de la capacité à tout concilier
Il est illusoire de penser pouvoir tout faire parfaitement. Bizarrement la question de savoir si on arrive à tout mener de front est systématiquement posée aux femmes et pas aux hommes. Les femmes développent donc un sentiment de culpabilité ainsi qu’une insatisfaction chronique. Il convient donc d’établir des limites et de s’y tenir. Il faut aussi admettre qu’on ne peut pas tout faire et que ce n’est pas grave. Le thème des horaires de travail est aussi abordé ici. On encourage la flexibilité, on bannit le présentéisme. Ce n’est pas une bonne idée de sacrifier le sommeil pour allonger le temps. Il faut aussi veiller à ce que le traitement soit identique pour ceux qui n’ont pas d’enfant et qui ont droit aussi à une vie privée. La norme en ce qui concerne le temps consacré aux enfants augmente. Une mère qui travaille passe plus de temps avec ses enfants aujourd’hui qu’une mère au foyer il y a 40 ans. Mais les études ne montrent pas que c’est le temps passé qui garantit la réussite des enfants, mais plutôt l’intérêt manifesté par les parents.
En parler
Cette section met l’accent sur le fait qu’il faut aborder la question de l’égalité pour faire changer les mentalités. Il n’est pas possible pour les femmes d’être des mecs comme les autres et de faire comme si de rien n’était. Il est nécessaire de remettre en cause le statu quo pour développer la prise de conscience. En particulier c’est sur les stéréotypes et les biais de jugement qu’il faut mettre la priorité. Et assumer l’étiquette « féministe ».
Conclusion
Il faut que tout le monde s’y mette! Que les hommes soutiennent les femmes et que les femmes se soutiennent entre elles (ce qui n’est pas toujours le cas) ! Ne pas aller contre les autre, mais avec… les hommes, les mères au foyer… en respectant les choix de chacun, sans sous-estimer le labeur de ceux et celles qui ne perçoivent pas de salaire, et en construisant un monde où ce qu’on attend des gens dépend de leurs aptitudes et envies et non de leur sexe. Ne pas lever les bras au ciel en disant que « ce n’est pas possible ».
En bonus, un commentaire d’une journaliste, Géraldine Dormoy, sur le livre et une vidéo de Sheryl Sandberg en cliquant sur ce lien .
Voir le site de la fondation Lean In créée par Sheryl Sandberg pour soutenir les femmes.