Cancer et Travail
Lors de notre dernier colloque, Valérie Raoul-Desprez, EVP Group Finance de Dassault Systèmes, avait suscité la surprise et l’émotion en évoquant publiquement le cancer du sein dont elle avait été atteinte. Ce sujet, habituellement tabou, lui semblait devoir être pris en considération par l’entreprise.
Vous pouvez voir la première partie du replay de cet événement ici et la deuxième ici.
Nous avons courru avec Odysséa pendant Octobre Rose, parlé des problèmes de santé lors de notre dernier colloque. Le Cercle InterL poursuit ce travail de mise en avant de bonnes pratiques sur la santé en entreprise par cette rencontre organisée le 24 novembre chez Dassault Systèmes entre Valérie Raoul-Desprez (au milieu sur la photo) et Anne-Sophie Tuszinski (à droite), à l’initiative de Sigrid Trendel (à gauche) qui l’a animée. Ce travail sera suivi plus tard par la création d’une boite à outils, mise à la disposition de tou.te.s sur ce site du Cercle InterL.
Touchée il y a 4 ans par un double cancer du sein, alors que son entreprise abordait une phase cruciale, Valérie Raoul-Desprez a fait le choix de ne pas s’arrêter pendant son traitement. Soutenue par son manager, elle a seulement aménagé son temps de travail. Elle a bénéficié aussi de l’aide d’une « inconnue », une amie d’amie, qui lui a téléphoné de temps en temps. Elle a ainsi pris conscience de la nécessité de penser un accompagnement. C’est ce qu’elle a proposé à son tour à des femmes de son entreprise.
Devant la demande, elle a lancé à l’instigation de sa direction le programme « We care for your health« , aidée cette fois de « Cancer@work« , un club d’entreprises dont Anne-Sophie Tuszynski est la co-fondatrice. Cinquante personnes se sont portées volontaires pour organiser avec elle le projet, penser un plan d’action avec 16 actions, 16 chefs de projet.
Il faut en effet aider à aborder les différents moments de la maladie: l’annonce, l’absence, le retour et le post retour. A qui souhaite-t-on communiquer sur son état: collègues, manager, RH? Que souhaite-t-on maintenir comme contact pendant son absence? Comment préparer le retour en entreprise? Il faut aussi pouvoir parler des séquelles à son retour: problèmes de concentration, de mémoire qui peuvent durer 3 mois, un an ou être permanents.
L’expérience a montré que si on n’accompagne pas sur un an un collaborateur après une longue absence, cela se solde par une perte: soit il démissionne, soit il est placardisé. Or on acquière aussi des compétences avec la maladie: comment allier les moments de fragilité et la performance de l’entreprise. La maladie réintroduit l’humanité dans l’entreprise.
Il faut trouver les bons mots, savoir aider de façon pertinente, à quel moment, comment, trouver un espace pour accueillir les émotions. En effet, elles sont fortes, cela ne s’improvise pas. On co-construit avec le terrain et le soutien de la direction de l’entreprise qui autorise cette parole sur ce sujet tabou. Par contre si on sait le faire, cela libère beaucoup d’énergie qui se traduit en volonté d’action. On crée ainsi une transversalité dans l’entreprise, de l’innovation. Tout le monde y gagne, l’entreprise tant sur le cout de l’absentéisme que sur la désinsertion professionnelle qui peut être massive sans cela. L’accompagnement fait ainsi du bien à tout le monde.
L’aide de Cancer@work a été importante pour cela. Il y a eu des accompagnements en formation, une plateforme d’accompagnement téléphonique, des accompagnements de type psychologique ou coaching. Un espace de partage a été créé ainsi que des outils de mesure: un baromètre sur les attentes, besoins, perceptions, et la mesure des progrès d’actions.