Les stéréotypes, c’est pas mon genre!
Atelier animé par Laurence Dejouany et Valérie Pageorgiou avec Joëlle Bertani, Isabelle Berrien , Christel Champinot, Chantal Chiron, Anne-Laure Congre, Amandine Foucauld, Florence Gury, Fatima Harrata-Ghilassene, Justine Mills, Florence Nourry, Jean-Yves Ottmann, Anne-Sophie Rinaudo, Céline Rossignol, Camille Taberlet, Anne-Laure Tensi, Daniel Torres.
Nous avons donc voulu faire un état des lieux de ces stéréotypes afin d’identifier leurs effets dans l’entreprise sur nos comportements, sur nos carrières, ainsi que les actions mises en place pour les pondérer.
C’est ce que nous allons présenter ce matin avec quelques invités extérieurs qui viendront enrichir nos travaux:
- Antoine de Gabrielli et Sophie Michon de la société Companieros ont présenté le projet » Hommes/Femmes Management » développé chez Orange qui permet d’identifier les stéréotypes de genre dans leur impact sur le management. Ils introduisent un nouveau concept « Le plancher de verre ».
- Sylviane Giampino psychanalyste et auteure de « Les mères qui travaillent sont-elles coupables ? », visible aussi sur une vidéo que nous avions réalisée en 2011, nous dit que oui ça a bougé entre les hommes et les femmes, comment et où en sont-ils. C’est « Le quadrilatère : hommes, femmes, enfants et monde du travail ».
- et Nicole Abar chargée de mission ABCD de l’égalité, que nous avions déjà reçue en 2011 pour nous présenter son projet d’éducation à la mixité par le sport, toujours visible ici, est venue présenter ce projet. Le Cercle InterElles ne prend pas parti face à ce projet, mais avait souhaité que toutes les questions puissent être posées d’une façon dépassionnée.
Mais sachons de quoi nous allons parler, d’abord quelques définitions (in Sciences économiques et sociales, classe de première, Hatier):
- Un stéréotype est une opinion partagée de façon quasi-unanime par un groupe social et faisant office de jugement définitif sur un type ou un groupe d’individus. Le stéréotype peut être rapproché du préjugé ou de l’opinion reçue.
- Les normes sont les règles sociales qu’il faut respecter et qui définissent le comportement approprié ou attendu dans la vie sociale.
- Les valeurs sont les grands principes et idéaux qui guident l’action et génèrent les normes.
Est-ce qu’en adoptant des codes masculins je mets en danger mon identité ? Est-ce que je me masculinise ? Voici des questions récurrentes chez les femmes qui se soucient de progression dans leur carrière. Alors on peut se demander mais qu’est-ce que c’est d’être une femme, si c’est si volatile comme identité? Laurence Dejouany
Identité sexuelle et identité de genre
Commençons d’abord par faire la distinction entre sexe et genre:
- Le sexe est du côté du biologique, de l’anatomie.
- Le genre est une appellation qui a été proposée pour distinguer ce qui n’est pas biologique, mais est dû aux apprentissages sociaux et culturels.
Dès les premiers mois de la vie, on constate que les bébés vont trier la multiplicité d’informations auxquelles ils doivent faire face, en créant des catégories.
Les premières catégories qu’ils utilisent seront pour les humains l’âge et le sexe. Au départ ils vont utiliser des catégories assez simples : longueur des cheveux, tonalité de la voix, vêtements. Et ils vont continuer pendant plusieurs années à construire cette différenciation :
- qui est homme ?
- qui est femme ?
Signes extérieurs de virilité et de féminité
Comme l’anatomie est en partie cachée, et que jusqu’à 5 ou 7 ans ils pensent que l’identité sexuelle varie en fonction des signes extérieurs, ils vont s’attacher à décoder ces «signes extérieurs » de virilité et de féminité, c’est-à-dire :
- comment est-on un homme ?
- comment est-on une femme ?
- et donc les comportements, les activités qui définissent ces appartenances à un sexe ou l’autre.
Et ils vont s’emparer de tout ce que la société leur propose comme stéréotypes. Ces représentations sont largement relayées par la littérature enfantine, les manuels scolaires, la publicité, etc. Et pour les enfants cela va se traduire bien souvent par « Papa conduit, répare la voiture, Maman fait la vaisselle ».
Des différences « naturelles »
En effet, quelques soient les évolutions de la société que nous connaissons à l’heure actuelle, les rôles ancestraux dans lesquels
- les femmes se définissent par rapport à la maternité
- et les hommes par l’usage de la force musculaire
continuent de se transmettre pour partie, car cela se fait de façon largement inconsciente.
Et cette répétition à travers les générations entretient l’idée que ces différences sont « naturelles ». Il devient alors choquant, voire dangereux, de les remettre en question.
Des normes sociales aux valeurs
Pendant cette construction, les enfants vont renforcer leur identité encore fragile en jouant dans des groupes sexués, les filles d’un côté, les garçons de l’autre, et en péjorant les caractéristiques de l’autre groupe pour se valoriser et se rassurer.
Cela crée des apprentissages sociaux différenciés pour les garçons et les filles:
- les filles vont apprendre à investir la dimension relationnelle : faire attention à l’autre, à ne pas lui faire perdre la face ;
- les garçons vont investir la dimension du statut : qui est le chef, qui a le pouvoir. Les enfants, dont on sait à quel point ils peuvent être conformistes vers 6-7 ans, vont exclure de leur groupe celui ou celle qui ne respecte pas ces normes de comportement.
Donc l’intériorisation de ces normes est très forte et va ancrer en eux ce qu’ils appelleront plus tard des « valeurs ».
Une étude récente, La fabrique des garçons, Sylvie Ayral, PUF, 2013, a montré qu’au collège les garçons provoquent l’autorité pour affirmer leur virilité naissante. Dans cette étude ce comportement attirait sur eux à peu près 80% des punitions, entraînant aussi parfois l’exclusion et l’échec.
Les filles apprennent à être « sages comme des images » et se préparent elles à ce qu’en entreprise on appellera le « syndrome de la bonne élève ». Et des Petites filles modèles, Camille et Madeleine de Fleurville, héroïnes de la célèbre Comtesse de Ségur, elles passeront dans l’entreprise aux femmes dites « rôles modèles » dont elles attendront qu’elles soient parfaites.
Les petites filles modèles sont nos premières rôles modèles…
Distribution des rôles
De cette distribution originelle des rôles subsiste cette distinction :
- la femme soigne et réconforte
- l’homme guerroie.
La traduction moderne en est :
- la femme est en charge de ce que l’on appelle le « care » : le souci de l’autre, les soins aux personnes et en arrière-plan le dévouement, le don
- l’homme prend en charge l’affirmation agressive qui s’exercera à travers l’usage du pouvoir, l’ambition, la capacité à faire face frontalement aux conflits.
Etre une femme
Mais c’est tellement fort tout ce que nous avons intériorisé! Dès le plus jeune âge, être une femme, comme nous l’avons vu au fil des années dans nos colloques, c’est non seulement:
- adopter certaines activités,
- mais aussi le placement de la voix,
- les gestes,
- les déplacements du corps dans le sport et en particulier l’inhibition sur un usage agressif du corps.
Et le rester…
En 1929, la psychanalyste Joan Riviere dans un article intitulé « La féminité comme mascarade » racontait comment une femme à cette époque-là se devait de cacher des compétences dites masculines.
- Et bien c’est un problème qui existe encore et qui a été étudié dans les choix d’études techniques par les filles.
- Qui participe toujours au choix des études et des métiers.
- Et que nous rencontrons ensuite en entreprise quand il nous faut prouver que nous sommes « encore une femme » alors que nous avons percé dans le monde des hommes.
- Nous avons vu aussi, par exemple sur la question de la négociation salariale, comment des représentations anciennes perduraient, qui induisent que les femmes demandent moins d’augmentation de salaire que les hommes, ce qui entretient les disparités. Ces représentations sont « la femme donne la vie, l’homme la gagne ». Donc le care aux femmes, le don gratuit, aux hommes la compétence de gagner de l’argent, d’en parler, de se battre pour obtenir le salaire convoité.
Comment cela se traduit-il à l’âge adulte dans l’entreprise, quelles sont les conséquences de ces attributions de rôle, comment les entreprises tentent d’en redresser les effets discriminants pour les femmes et aussi, de façon plus récente, pour les hommes? Parce que les interrogations portées par les réseaux de femmes ont amenés les hommes à s’interroger. Laurence Dejouany et Valérie Papageorgiou
Stéréotype positif avance masqué!
On entend beaucoup : « Les femmes sont de bonnes communicantes, elles sont empathiques, à l’écoute ». Les femmes elles-mêmes reprennent cet argument qui légitime leur présence dans l’entreprise. Les managers disent « les femmes on les adore, elles sont douces, intuitives, organisées… ».
Paradoxalement, le niveau de recrutement des femmes reste très faible et ce en dépit des actions menées par la DRH visant à renforcer leur place notamment dans certains métiers techniques. Et puis dit-on : « elles ont à gérer leur famille, les enfants, c’est normal on comprend… mais elles ne sont pas mobiles, elles ne sont pas totalement disponibles, et elles s’absentent … »
Des conséquences discriminantes
Parce que c’est une image positive, on n’a pas identifié qu’il s’agit aussi d’un stéréotype et qu’il a des conséquences discriminantes pour nous :
- Elles sont douces et compréhensives ? Elles n’ont pas d’autorité !
- Elles sont sensibles ? Elles sont émotives !
- Elles sont à l’écoute ? Elles ne demandent pas : promotion et augmentation de salaire. Ou celles qui pourraient être tentées de le faire ne le font pas de peur d’apparaître comme l’élément perturbateur de service. Et on entretient les inégalités salariales, le plafond de verre, la ségrégation des métiers : si elles ne demandent pas, on ne les verra pas. On ne fera pas non plus appel à elles pour les postes opérationnels à forte portée managériale qui font les carrières. On dit d’ailleurs « elles ne sont pas attirées par le pouvoir, elles n’ont pas d’ambition ».
En fait on tire un fil et derrière cette représentation positive c’est tout l’écheveau qui vient, la représentation maternelle des femmes faite de dévouement avec son poids de culpabilité:
- «Est-ce que j’en fait assez pour les autres ? »
- «Si ça va mal, c’est de ma faute ».
La norme de la bonne élève
Derrière on trouve aussi la norme de la bonne élève bien sage qui ne demande pas, dont l’agressivité est taboue.
Avec les phénomènes d’auto-censure : on me propose un poste, mais je refuse parce que… je suis à temps partiel, je suis enceinte, etc, même si le poste m’a été proposé en connaissance de cause.
Avec aussi la péjoration de celles qui ne se conforment pas à ce modèle. Les femmes sont souvent insatisfaites de celles qu’on leur présente comme rôles modèles ou disent qu’elles n’en trouvent pas dans leur entreprise: l’appellation induit une confusion avec les petites filles modèles, elle entretient des positions infantilisantes. Les femmes leurs demandent un comportement exemplaire, selon le modèle de la bonne élève, ce qui n’est bien sur jamais possible. D’où les déceptions et tensions. Et l’on va dire cette fois : « Ah les femmes entre elles, Ah les rivalités féminines« , alimentant de nouveaux stéréotypes.
On devrait abandonner cette appellation de rôle modèle, car si les enfants et les adolescents ont besoin de modèles dans lesquelles se projeter, en avons-nous vraiment besoin à l’âge adulte ? Nous avons besoin de partager les expériences et les apprentissages des femmes qui ont percé le plafond de verre, mais nous pouvons par contre nous inventer chacune. Certaines entreprises comme GE font d’ailleurs le choix maintenant de communiquer sur des « parcours exemplaires » plutôt que sur des « femmes exemplaires ». Il nous faudrait apprendre à faire la distinction.
- il faut s’adapter aux codes masculins pour progresser, mais ne pas trop les intérioriser,
- il faut aussi dépasser les normes féminines, mais s’y soumettre partiellement pour être appréciée …
Pas simple… sinon, on dit « les femmes qui réussissent se masculinisent » ou bien « elles sont pires que les hommes », et encore d’autres stéréotypes.
Dans une entreprise du cercle, on nous relate qu’une expérience lancée par un réseau d’assistantes pour intégrer des hommes dans leur métier a échoué devant les réticences des managers à recruter un assistant plutôt qu’une assistante, mais également devant le faible taux de candidatures masculines.
Les hommes aussi
On l’a entendu dans l’atelier. Une femme nous a raconté comment son mari qui avait pris un congé parental a vécu une telle marginalisation dans son entreprise qu’il a fini par partir. Dans la crèche où allait son enfant, une participante de l’atelier racontait aussi qu’un jeune homme qui y travaillait n’osait pas câliner les enfants de peur d’être soupçonné de pédophilie.
Il y a une symétrie inversée entre les stéréotypes féminins et masculins :
- Les femmes sont maternantes,
- les hommes sont forts, ont de l’autorité mais pas d’émotions, ils sont des leaders naturels.
Et les hommes qui ne s’y conforment pas s’exposent à être discriminés.
- Pour les femmes les stéréotypes impactent la vie professionnelle,
- pour les hommes la vie personnelle
- et cette asymétrie maintient les inégalités dans le couple.
Des conséquences dans le couple
Ce qui se passe en entreprise interfère donc en permanence avec la sphère privée et réalimente en boucle les inégalités en entreprise, qui créent le plafond de verre. Nous verrons d’ailleurs avec Sylviane Giampino comment se qui se passe en entreprise impacte le couple et comment l’entreprise devrait s’interroger.
Le questionnement des normes masculines par les hommes, qui commence à s’ébaucher, on le voit à travers la question de la parentalité, devient donc un enjeu fort pour les femmes. Et nous attendons avec impatience ce qui émergera.
Alors que faire face à tous ces stéréotypes?
Nos entreprises se soucient réellement de ces questions. Elles ont mis en place nombre d’actions pour réduire l’impact des inégalités entre hommes et femmes. Nous en présentons chaque année. Il y a plusieurs types d’actions.
Réduire l’impact des maternités
D’abord, celles qui cherchent à réduire l’impact pénalisant des maternités :
- les augmentations de salaire moyennes garanties après les congés maternité,
- l’accompagnement des congés maternité pour en éviter les impacts négatifs : entretiens avant, pendant, après la reprise avec le manager ou la DRH;
- le déplacement de l’âge de détection des HP pour ne pas pénaliser les congés maternité ou parentaux,
- ou encore les propositions de postes à l’international dès le début de carrière, mais aussi à l’âge de la maturité.
- Mais on constate que l’attention à la parentalité peut renforcer l’impact des stéréotypes si elle est seulement proposée aux femmes et non proposée, et surtout valorisée ou adaptée pour les hommes : c’est le cas par exemple de l’annualisation du temps partiel à prendre pendant les congés scolaires appréciés par les hommes chez Areva ; les actions de sensibilisation des hommes à la parentalité chez Orange, ou encore l’incitation à prendre le congé paternité en le rémunérant à 100% chez Nexter,
- C’est aussi l’accent mis sur les doubles carrières. C’est la cas des People review construites en tenant compte des contraintes des doubles carrières pour les hommes, comme pour les femmes faites chez Schlumberger,
- ou des actions soutenant l’emploi du conjoint à l’international.
Réduire l’impact des normes genrées
Il y a également des actions cherchant à réduire l’impact des normes de comportement genrées « les femmes ne demandent pas, ne se mettent pas en avant »:
- On peut citer l’obligation de proposer des candidatures féminines dans les short-listes, les actions de détection des femmes HP, les actions de mise en visibilité. Toutes ces actions permettent notamment de neutraliser les réticences conscientes ou inconscientes des managers à recruter ou à faire évoluer des femmes ou l’autocensure des femmes elles-mêmes.
- Inégalité salariale : Les politiques d’égalité salariale et de rattrapage des inégalités, quant à elles, pondèrent les effets de la norme de la bonne élève qui attend d’être récompensée, mais n’agissent pas sur la norme qui elle-même continue d’agir.
Sensibiliser aux normes de comportement
D’autres actions vont sensibiliser aux normes de comportements et permettre de prendre plus de liberté face à elles :
- Ce sont par exemple les modules sur l’égalité professionnelle, intégrés dans les parcours de formation des managers,
- C’est aussi pour les femmes les formations au leadership ou le coaching,
- Il y a encore les actions amenant les hommes à se dégager du poids des normes viriles : les incitations à la parentalité, et de façon émergente les groupes de parole d’hommes sur l’égalité professionnelle.
- On constate que les réseaux jouent un rôle important. Ils interviennent en effet dans la sensibilisation des femmes au décryptage des règles du jeu dans la gestion de carrière, dans les politiques salariales, dans la sensibilisation aux codes culturels masculins/féminins dans l’entreprise, mais aussi dans la sensibilisation à la problématique de la culpabilité, la gestion des émotions, les formations à la prise de parole en public, aux techniques vocales, tout ce qui bloque les femmes. Le mentoring aussi est bien souvent une action des réseaux. On peut citer les réseaux de GE, IBM, Areva, Nexter, EDF, Air Liquide. C’est pourquoi la légitimité et les moyens accordés par les entreprises aux réseaux de femmes ou mixité sont aussi des éléments d’action importants.
Agir sur les stéréotypes
Et puis un dernier type d’action, celles qui agissent directement sur les stéréotypes :
- C’est tout ce qui existe sur la mixité des métiers, tout ce qui est fait pour encourager les filles à faire des études techniques, les actions pour recruter des femmes IG ou techniciennes. Nous verrons tout à l’heure plus en détail avec Justine et Christel les effets de cet autre stéréotype : « il y a des métiers pour les hommes et il y a des métiers pour les femmes. La question du choix des études et des métiers continue en effet de se poser et cela reste une problématique pour les entreprises comme celles du Cercle InterElles.
- A noter l’action originale d’Areva sur la sécurité au travail proposant aux hommes de se référer justement aux comportements appris dans les soins aux enfants pour prendre soin d’eux-mêmes et utiliser les équipements de protection : on renverse complètement la situation de la norme virile, on passe de la prise de risque au care: BD Areva
- Une action récente interroge, dans des groupes mixtes, des managers sur ce qu’ils ont intériorisé comme stéréotypes et leur impact sur le management. C’est le projet Hommes/Femmes Management mis en place chez Orange et aussi en milieu étudiant que Antoine de Gabrielli et Sophie Michon de la société Companieros vont nous présenter maintenant avec un nouveau concept « le plancher de verre ».
Le projet « Hommes/Femmes Management », mis en place chez Orange et aussi en milieu étudiant par Antoine de Gabrielli et Sophie Michon de la société Companieros, interroge dans des groupes mixtes des managers sur ce qu’ils ont intériorisé comme stéréotypes et leur impact sur le management
Sophie: Ces stéréotypes qui viennent d’être cités, qui parmi les femmes de cette assistance ne s’y reconnaissent pas … un peu, beaucoup ?
Les stéréotypes, les femmes les subissent, c’est indéniable. Elles les intériorisent aussi. Je ne vous ferai pas l’injure de vous demander si vous savez ce que c’est que le plafond de verre.
Le plancher de verre
Ce qui est plus surprenant, c’est que les hommes aussi subissent des stéréotypes dans la vie professionnelle, stéréotypes à l’inverse de ceux des femmes. Comme les femmes, ils les subissent et les intériorisent.
En miroir du plafond de verre des femmes, ils sont confrontés à ce que nous avons appelé chez Companieros, un plancher de verre. Antoine, de quoi s’agit-il en fait ?
Antoine: Le plancher de verre, c’est cette croyance que les hommes s’accomplissent exclusivement dans leur vie professionnelle. C’est l’illustration d’une norme masculine de performance qui conduit à afficher sa réussite selon des codes sociaux et professionnels convenus: toujours disponible, très présent, briguant les postes de pouvoir…
Ces représentations contraignent les hommes à accepter un engagement dominant et parfois exclusif dans leur vie professionnelle, au détriment , vous l’avez bien compris, du reste de leur vie.
Sortir du carcan
Les hommes ont intériorisé ces stéréotypes. Il suffit pourtant d’expliciter cette notion de plancher de verre pour qu’ils nomment – enfin!- ce dont ils n’avaient pas conscience. C’est comme si un nouveau monde s’ouvrait à eux !
Ce qui est passionnant, c’est d’accompagner les managers, hommes et femmes, à prendre conscience par les échanges de ce qui empêche l’équilibre ou plus précisément de ce qui empêche les vases de communiquer entre les femmes et les hommes, entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
Si, en tant qu’homme, je m’autorise à sortir de ce carcan, je permets aussi aux femmes de sortir du leur.
Pour illustrer, voici quelques verbatims entendus en séminaires ou recueillis dans l’examen du label « Hommes/Femmes Management ».
Quelques verbatims
Sophie: Je vais d’abord donner la parole aux hommes. Ce qui interpelle, c’est que cela les touche d’abord dans leur vie de famille, dans leur vie de couple.
« Je n’avais pas complètement perçu à quel point une femme peut parfois s’interdire certaines actions (candidater à un poste…). »
« Ce qui m’apparaissait à l’époque comme un choix « naturel » pour mieux accompagner les premières années de vie et la scolarité de nos enfants me semble relever aujourd’hui du sacrifice. »
« Cela m’a même fait réfléchir sur l’égalité H/F dans mon couple alors que je pensais être un ‘homme moderne’. »
« J’aurais jusqu’à récemment dit en toute bonne fois qu’il était normal qu’une femme lève le pied à l’arrivée d’un enfant et fasse un choix familial … sans lui poser la question. »
» Je souhaite redéfinir avec ma femme la répartition des taches domestiques, d’une part pour lui laisser plus de latitude professionnelle, mais aussi pour être un exemple positif pour mes fils et mes filles. »
Et les femmes ? Elles comprennent qu’elles peuvent rejoindre les hommes sur ce sujet.
« J’ai appris qu’il fallait d’abord changer les stéréotypes sur les hommes pour pouvoir avancer sur ceux des femmes. Par exemple, donner confiance aux hommes qui veulent les mêmes droits que leur compagne et les aider. »
« Je serai plus vigilante par rapport aux hommes qui font le choix de consacrer plus de temps à leur vie familiale pour ne pas exercer de discrimination même de façon involontaire. »
« J’ai pris conscience qu’il y avait aussi de la discrimination masculine, par exemple sur l’image d’un homme qui peut demander un congé parental ou un aménagement de temps de travail. »
On le voit bien, par le dialogue, on favorise une prise de conscience de part et d’autre et réciproquement. Pour soi, pour son conjoint et aussi pour l’exemple à donner à ses enfants, que l’on soit homme ou femme.
Echanger: une révolution douce…
Antoine : Pour faire sortir ces témoignages, tous nos programmes sont fondés sur la verbalisation, les échanges, le partage.
– Happy Men crée des cercles de dialogue entre hommes dans les entreprises, l’idée étant dans un 1er temps de faire corps comme l’ont fait les réseaux de femmes à leurs débuts.
– Hommes/Femmes Management propose des séminaires, des formations à la transmission ou en communauté du type MOOC avec l’idée que c’est par le dialogue et les échanges que se fera la diffusion, la démultiplication.
En mettant des mots sur les biais d’appréciation que créent les stéréotypes, les managers s’approprient de façon positive la question de l’égalité professionnelle et de la mixité. Ils comprennent pourquoi ils en sont les principaux acteurs. Ils questionnent leurs pratiques managériales pour relever le défi
C’est cette révolution douce que nous appelons de nos vœux.
Il y aurait des métiers pour les femmes et des métiers pour les hommes ? « Le métier d’ingénieur est associé au monde des trains, des voitures … c’est-à-dire des jeux de garçons. Résultat, les filles pensent que ce n’est pas pour elles. » Christel Champinot et Justine Mills
Une perte en ligne continue
Près de 45% des filles passent un bac scientifique ou technologique, et seulement 20% d’entre elles deviennent ingénieurs ! Et ça ne s’arrête pas là ! La perte en ligne se poursuit ensuite.
Pourquoi ça nous importe ?
Parce que Ingénieur c’est un diplôme qui ouvre toutes les portes… La plupart des patrons du CAC 40 ont un diplôme d’ingénieur et non pas de commerce, comme on pourrait le croire. Enfin, c’est une branche où l’on embauche, notamment dans le domaine des nouvelles technologies, et qui est bien rémunéré.
Mais où vont donc les femmes et d’où vient cette perte en ligne ?
A l’école
Le scientifique a une image d’être froid, rationnel, peu sociable, qualités jugées plus masculines que féminines. C’est aussi une méconnaissance du métier qui empêche les jeunes filles de choisir cette filière.
On constate que les écoles d’ingénieurs qui intègrent dans le cursus une dimension humaine ou sociale attirent plus les filles.
- C’est le cas de l‘INSA de Lyon qui recrute 30% de filles et de L’Université de Technologie de Compiègne qui propose une Licence d’ingénieur intégrant lettres et sciences et parvient à près de 35% de filles.
- En revanche, l’Ecole 42 dont la communication ressemble au pur style des commandos Marines américains, avec l’épreuve de la Piscine « une immersion dans le grand bain (1 mois dans les locaux de 42) qui nous permet d’identifier les plus motivés et de confirmer l’aptitude des candidats», n’attire que 4% de filles.
Des entreprises, comme celles du Cercle InterElles, des associations, P@scaline, Elle Bougent, Femmes Ingénieurs, sont actives pour promouvoir l’accès des filles aux filières scientifiques. Sans cela, rien ne se fait « naturellement ».
Dans l’entreprise
Ainsi dans les études, comme dans l’entreprise, les femmes ne s’engagent pas dans les mêmes branches professionnelles que les hommes. Une forte proportion de femmes s’oriente vers les métiers de l’agronomie, agro-alimentaire ou la chimie et une proportion très faible dans les domaines de l’informatique ou de la production.
Dans l’entreprise
- elles sont majoritaires dans le domaine des études, recherche et enseignement.
- Elles sont minoritaires en informatique et dans les postes de Direction générale.
- Elles occupent des postes de moindre envergure que les hommes.
- Elles encadrent des équipes moins larges, avec un budget moins important.
- Elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes dans les fonctions support, moins valorisées dans les carrières : 40% des femmes par rapport à 20% des hommes.
- La seule fonction égalitaire entre les hommes et les femmes est la fonction de chef de projet, sans management hiérarchique…
« Depuis 20 ans je me suis habituée à voir peu ou pas de femmes dans les équipes de développement de logiciel. J’ai une formation d’ingénieur, mais j’ai pris très tôt un virage vers la production de contenu pédagogique et le management. Je vois d’autres femmes ingénieurs qui ont fait la même chose et sont dans les postes annexes au développement de produits moins valorisés et ayant moins de possibilité d’évolution. Est-ce que c’est parce que ces postes sont plus en relation avec d’autre, ou « l’utilisateur final » ? Je me demande si nous ne sommes pas les « réfugiées du développement ». Que cherchons-nous ? Plus de sens à notre travail ? Moins de pression ? Plus de travail en collaboratif? Plus d’interactions humaines avec l’environnement? Une meilleure compréhension de la finalité ? Ou suivons-nous inconsciemment les modèles gravés en nous ? »
Les modèles gravés en nous
Les femmes suivent-elles inconsciemment les modèles gravés en elles? Pourtant créer et développer les produits pour résoudre les problèmes du monde d’aujourd’hui peut contenir tous ces dimensions, non ?
Les qualités principales attribuées aux femmes sont de l’ordre du relationnel et de l’organisation. Aux hommes, le leadership et l’ambition. Et cela a un impact sur le choix des métiers : on retrouve les qualités typiques que l’on attribue aux fonctions du Directeur et de son assistante… Donc les femmes doivent être influencées par ces modèles gravés en elles.
« Avec un diplôme d’ingénieur, j’ai commencé en R&D, puis je suis devenue chef de projet. J’ai ensuite managé une équipe technique très opérationnelle. A 33 ans, je me suis orientée vers un poste de marketing, puis maintenant je suis responsable de communication…
Je m’éclate dans ce travail qui me permet d’exploiter toutes sortes de compétences et donne une vision très large de l’entreprise. Mais… quand on me demande quel est mon travail, je ressens le besoin de rajouter : mais je suis ingénieure… Et je m’interroge, pourquoi malgré un diplôme d’ingénieur je me retrouve dans un poste traditionnellement occupé par des femmes ? »
L’impact familial
Outre l’impact des visions des qualités hommes/femmes, il y a celui lié au rôle familial.
L’arrivée de l’enfant peut être un vrai choc qui va bouleverser la vie professionnelle de 40% des femmes et 6% des hommes. Ainsi le temps partiel marque ce positionnement des femmes vers les enfants : dans la filière ingénieur, 10% des femmes sont à temps partiel contre 1% des hommes.
Les femmes intériorisent la fragilisation de leur vie professionnelle à la naissance d’un enfant. D’où parfois un mal-être, une auto-censure et une ambition revue à la baisse. Une étude ORSE montre que les femmes ont un sentiment de culpabilité à réduire leur activité familiale pour développer leur activité professionnelle, par rapport aux hommes qui se sentent coupables de réduire leur activité professionnelle.
De plus l’âge d’arrivée des enfants, entre 30 et 40 ans, c’est aussi l’âge où on demande de la disponibilité et une forte implication. C’est le moment qui va déterminer l’évolution ultérieure, beaucoup plus marquée en responsabilités et progression salariale. Et en plus d’être mère, la femme est épouse et… les conjoints des femmes ingénieures sont à 95% en activité et dans 74% des cas des ingénieurs ou des cadres. Il y a risque de compétition au sein du couple.
Mais est-ce que l’on ne peut pas se débarrasser enfin de ces stéréotypes ?
Ce n’est pas si facile…même en sachant les identifier. Des études montrent que les stéréotypes, outre un rôle dans les choix de carrière, vont également avoir un impact sur la performance même des femmes qui les subissent. Les femmes minoritaires dans un groupe intègrent plus les stéréotypes que des femmes en égale proportion avec les hommes, ou en majorité. D’où une situation d’auto-censure des femmes lorsqu’elles sont en minorité. Elles vont confirmer leur réputation inconsciemment.
Une expérience scientifique a montré que si l’on annonce une épreuve à un groupe de filles en la présentant comme de la géométrie, elles réussissent moins bien que le groupe des garçons ; si on la présente comme du dessin, elles réussissent mieux… Tellement elles ont intériorisé le stéréotype « les filles sont moins bonnes que les garçons en maths »!!!
Et pourquoi ne pourrait-on pas exploiter ces stéréotypes ou leur tordre le cou ?
- Les femmes préfèreraient les relations humaines et la cordialité ? Rendons l’entreprise cordiale et ouverte vers l’extérieur !
- Les femmes recherchent plus le sens de l’action et les hommes les avantages salariaux ? Décloisonnons les métiers : ouvrons les métiers techniques aux relations clients. Pourquoi les développeurs ne s’intéresseraient-ils pas aux clients ? Pourquoi les femmes ne se battraient pas pour leur augmentation de salaire ?
- Pourquoi les qualités d’intuition, de cordialité, de créativité ne seraient-elles pas intéressantes dans le développement informatique ou les Directions Générales?
- Pourquoi les hommes ne pourraient-ils pas mettre un frein dans leur carrière pour profiter de leurs jeunes enfants?
- Pourquoi les qualités de vision stratégique ne seraient-elles pas intéressantes dans les fonctions support?
- Pourquoi l’émotion, qui sous-tend la passion, l’engagement, l’implication, n’aurait-elle pas sa place aussi en entreprise?
- Pourquoi l’entreprise de demain ne serait-elle pas humaniste et responsable ?
C’est une histoire qui nous est contée par Rosabeth Moss Kanter dans Men and women of the corporation, écrit en 1977. Cette histoire, celle de femmes très minoritaires (10%) dans une entreprise masculine, nous parle encore très fort. Valérie Papageorgiou
Etre une femme symbole
Ces femmes étaient l’objet de tous les regards. Avec cette attention disproportionnée qui leur était accordée, ces femmes devenues des symboles, étaient en permanence obligées à jouer un rôle. Les situations difficiles étaient comprises en fonction de leur spécificité féminine et des stéréotypes associés.
A cela s’ajoutait la pression des femmes des niveaux moins élevés. Elles considéraient en effet que toute réussite ou faux pas de ces femmes symboles auraient des conséquences sur leur carrière à toutes. Chacun de leur geste était chargé d’importance. Il leur appartenait en effet de prouver que les femmes pouvaient être capables d’ambition et qu’il n’était pas naturel de les confiner dans des jobs subalternes.
Cela nous rappelle nos exigences face aux femmes dites rôles modèles…
Il leur était donc difficile d’être naturelles et il leur était parfois plus simple de se conformer aux stéréotypes attendus. R. Moss Kanter identifiait 4 rôles stéréotypés dans lesquels elles pouvaient se laisser enfermer: mère, séductrice, mascotte ou dame de fer.
Le Quenn bee syndrom
La difficulté pour ces femmes symboles était se faire accepter du groupe des hommes, de l’intégrer. Pour cela Il fallait prouver sa loyauté à ce groupe dominant, faire acte d’allégeance. Et tourner le dos à la minorité menaçante, au groupe des « filles ». Ne pas réagir aux commentaires ou plaisanteries sur le manque de compétence des femmes. Il était encore mieux d’y participer soi-même. On pouvait alors être reconnue comme une « exception ». C’est ce qu’on a appelé le « Queen bee syndrome », le syndrome de la reine des abeilles.
Et c’est ainsi que l’on pointe le manque de solidarité des femmes entre elles…
Autres façons de manifester sa loyauté : accepter d’être une source de plaisanteries pour le groupe, ne pas faire perdre la face à un homme en réussissant, manifester sa gratitude pour la situation à laquelle on était parvenue. Et surtout ne jamais en demander plus.
Par exemple une promotion ou une augmentation de salaire…
Se « masculiniser »
R. Moss Kanter notait que certaines femmes s’adaptaient très bien. Elles adoptaient le langage et les intérêts des hommes, manifestaient du goût pour la chasse et la pêche et tenaient parfois mieux l’alcool que les hommes.
Sans doute les autres femmes les accusaient-elles de se masculiniser…
Il est arrivé que des femmes choisissent d’afficher leur différence. Mais c’était qu’elles se sentaient assurées d’un soutien sans faille d’un dirigeant de haut niveau. Cette stratégie présentait néanmoins beaucoup de risques. Il ne fallait en effet pas sous-estimer l’esprit de corps qui régnait dans le groupe dominant.
Sans doute ce que nous appelons la solidarité masculine…
Sylviane Giampino est psychanalyste, auteure de Les mères qui travaillent sont-elles coupables ? Albin Michel, 2007, auteure aussi avec Brigitte Grésy du Rapport Le poids des normes dites masculines sur la vie professionnelle et personnelle d’hommes du monde de l’entreprise – Mai 2012 – Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises.
Injonction d’excellence dans le couple
« Actuellement les référentiels du monde de l’entreprise ont contaminé la sphère familiale. Elle est devenue une sphère de pression, d’injonction d’excellence sur le couple, sur les enfants, une sphère où il faut vérifier l’efficacité : on est dans le contrat.
Et puis on voit poindre dans les couples une certaine compétition entre les hommes et les femmes.
Je sonne l’alerte, car l’intimité doit pouvoir être protégée de ces impacts. Sinon, aussi bien les hommes que les femmes, ne pourront plus être les uns pour les autres un espace de solidarité, d’entraide et d’appui l’un pour l’autre.
Les femmes ne veulent plus être toutes puissantes
Les femmes ont renoncé à l’idée qu’elles devaient assumer seules le droit d’être des femmes, des mères, des professionnelles engagées et surtout elles commencent à guérir dans le monde du travail du complexe de parentalité.
Elles commencent aujourd’hui à faire rentrer les questions de vie familiale et personnelle dans le monde du travail et elles sont en cela aidées par les hommes. Elles disent qu’elles ne veulent plus autant se sacrifier.
Parité dans la vie familiale?
Les hommes commencent à saisir qu’ils ne peuvent plus continuer à miser pour affirmer leur virilité sur la réussite professionnelle, la sécurisation de l’équilibre économique de la famille. Ils ont compris que dans le monde du travail on est dans un contrat à durée limitée.
Du coup ils se mettent à investir la famille comme un contrat à durée illimitée. Ils commencent à essayer d’opérer une translation du surinvestissement professionnel vers un investissement de la sphère familiale.
Mais ils buttent.
En effet, ils ont bien intériorisés que les femmes déclenchaient les ruptures conjugales, et que dans ce cas les enfants ne leur étaient pas encore suffisamment confiés. Donc cette translation est en train de s’opérer et les hommes disent « Ok pour la parentalité dans le monde du travail, mais alors ok pour la parité dans la vie familiale ».
Mais s’ils se battent sur les questions de résidence en cas de divorce, ils ne se battent pas autant sur les soins au quotidien des enfants et le travail dans la maison… Nous sommes à une époque d’entre-deux.
Une chance pour les hommes
L’engagement professionnel des femmes a été une chance pour le rapprochement des hommes avec leurs enfants. Les hommes commencent à sentir qu’ils vont être obligés de bouger, parce qu’ils ont opéré un rapprochement dans la relation aux enfants et que cela les rend plus sensibles à des enjeux humains.
Ca relativise alors les questions comme l’argent, le pouvoir, le prestige ».
Retrouvez aussi Sylviane Giampino en vidéo.
Nicole Abar, Chargée de mission ABCD de l’Egalité auprès des Ministères des Droits des Femmes et de l’Education nationale était déjà intervenue à un colloque InterElles pour nous présenter son travail d’éducation à la mixité avec les enfants. Elle est venue témoigner cette année du travail engagé dans les écoles.
« C’est tout doux les ABCD de l’égalité, il n’y a aucune agressivité dans tout cela ».
Le projet c’est de prendre conscience que nous reproduisons les stéréotypes, quand ils créent du handicap. Dans la phase d’expérimentation actuelle ce sont:
- 600 classes qui sont concernées
- dans 10 académies.
Nous sommes d’abord intervenus auprès des inspecteurs, formateurs, enseignants, qui sont des courroies de transmission, avant d’aller vers les élèves. On a créé des outils et sur le site ABCD de l’égalité, on trouve aussi des parcours pédagogiques.
- Mais cela s’intègre toujours dans le programme traditionnel.
- Les enseignants gardent leurs outils traditionnels.
- Simplement avec cette aide, ils évitent qu’ils soient stéréotypants.
Les différents métiers
Prenons un exemple que j’ai suivi dans une école:
L’enseignante fait travailler les élèves sur les différents métiers, avec des pourcentages – ce qui est dans le programme.
Elle organise un débat – expression orale- toujours dans le programme.
Puis elle leur dit d’aller en salle informatique chercher des contre-exemples – travail sous word – toujours le programme.
Ils ont trouvé une femme chaudronnier, une femme dans l’équipe de Sébastien Loeb gérant une équipe de 12 mécaniciens, une femme footballeuse, un homme maïeuticien…
Ils se souviendront que tous ces métiers c’est ouvert : « Je suis une fille, je suis un garçon, mais je suis libre!« . Deviens ce que tu veux devenir ! Construis, agis, respires, dynamises avec tout le potentiel d’une personne en devenir !
La distribution de la parole
Un autre exemple :
La distribution de la parole est un indicateur très simple des inégalités. Les enseignants sont persuadés qu’ils ne font aucune différence. Tout le monde veut bien faire. C’est malgré soi qu’on est pris dans ce système.
Dans une classe, j’ai proposé qu’on note une après-midi au tableau les interventions des filles et des garçons: 4 filles et 7 garçons étaient intervenus. Pas très frappant…
Mais en fait les 4 filles étaient intervenues une fois, les 7 garçons 23 fois !
Optimiser les autres dispositifs
Les ABCD de l’égalité vont optimiser les autres dispositifs sur:
- la violence,
- le harcèlement,
- le manque de respect des autres, des enseignants.
Et s’il faut travailler sur la prise de confiance des filles, il faut aussi travailler sur le décrochage scolaire des garçons. Cela le permettra ».