Oui c’est possible, et c’est le cas de Chantal Desbordes que nous vous présentons aujourd’hui dans une vidéo. Elle a été la première.

En 2004, elle était déjà venue témoigner lors de notre colloque. Pour nos 15 ans, nous lui avons demandé de venir faire avec nous le point sur la situation des femmes dans la Marine Nationale. Vous pouvez voir ici la enregistrée le 4 mars 2016

Elle figure parmi les pionnières de l’armée française. En 2002, Chantal Desbordes devient la première femme à accéder au plus haut grade la marine nationale. Sa devise ? « Fais de tes faiblesses une force qui te servira ». Le mot faiblesse fait référence à la situation des femmes à son arrivée dans la marine : un monde quasiment exclusivement masculin où il était interdit aux femmes de naviguer.

Patricia Lecoq (Orange) : Vous, qui avez exercé de hautes responsabilités au sein de la marine nationale, pouvez-vous nous donner votre point de vue sur les avancées en termes de mixité dans la marine ?

Chantal Desbordes : Qualitativement et quantitativement, nous avons réalisé des progrès significatifs : je ne suis plus le seul amiral, nous sommes quatre : nous avons donc quadruplé l’effectif ! Plus sérieusement, la marine compte 5 400 femmes, soit 14 % du total, et nous avons multiplié par cinq le nombre des bateaux à équipage mixte sur lesquels 900 femmes naviguent actuellement. Tous  les métiers ont été ouverts, dont les plus guerriers – plongeur démineur, fusilier-marin commando, pilote de chasse embarqué… Enfin, le dernier bastion masculin, les sous-marins, sera pris en 2017. La décision concerne les sous-marins stratégiques qui offrent une meilleure habitabilité.

P.L : Quelles sont les prochaines étapes?

C.D. :il ne faut pas se masquer les réalités : sur les 600 femmes officiers, la majorité est cantonnée dans les premiers grades, en raison du manque de disponibilité pour un cursus long. En 2009, la marine a lancé un plan de mixité professionnelle en vue de fidéliser les femmes(accompagnement, gardes d’enfants, etc.) et de sensibiliser les commandants masculins à la gestion du personnel féminin et à la prise en compte des situations familiales. L’effort porte également sur l’information : des prescripteurs d’image féminins interviennent dans les classes préparatoires scientifiques pour susciter des vocations. Les femmes affectées dans les centres de recrutement ont un rôle-modèle vis-à-vis des jeunes qui envisagent de s’engager. Malgré tout, il faut rester vigilant, la situation est toujours à consolider.

P.L. : Y a-t-il un management de 3ème type dans la marine?

C.D. : Nous, marins, évoluons déjà dans un univers très technologique Mais amener les combattants à donner leur vie passera toujours par l’humain, par l’exemplarité, par le commandement, alors qu’à terre, on parle de management, pratique qui tend à s’assouplir: l’enjeu est d’accorder à tous, femmes et hommes, plus de facilité pour concilier leurs temps de vie. Les hommes ont envie, eux aussi, de voir grandir leurs enfants.

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